Regardez tous ces gens esseulés !
Que l'idée était bonne que de nous faire chroniquer un morceau des Beatles, que le choix fût âpre.
En même temps, les chansons qui me venaient à l'esprit lors de l'évocation du nom liverpuldien étaient sitôt prises par un autre, voire ridicules au commun des immortels blogosphèriens ci-présents... (Naôn, j'déconne, j'ai jamais voulu écrire (sur) Obladi Oblada).
Et comme je n'étais pas un érudit dudit groupe, que la machine à guitare n'était pas forcément branchée, qu'on m'avait piqué Helter Skelter (pour encore parler de U2 et Noir Désir), il fallait que je me rabatte sur quelques choses...
C'est drôle de qualifier Eleanor Rigby de ce petit rien sur lequel on se rabat.
Direction Wikipédia pour se mettre dans l'ambiance composition/influence etc. (article que je ne finis même pas de lire)
Direction Revolver que je ne connais pas (ma discothèque s'arrête à Abbey Road en vinyle dégotté à pas cher dans une broc' et le White Album version 30ème anniversaire et, petit, l'écoute des copies faites sur cassette du Bleu et du Rouge à partir des vinyles d'une tante, l'un d'eux couleur de la pochette, le bleu je crois, qui me satisfait amplement), découverte de quelques bons morceaux (I'm only Sleeping, le byrdsien She Said She Said, la trompette de For no one), mais l'effort consenti à se pencher «forcé» sur un album ne me convainc guère.
Direction les articles des autres pour lire leur prose et observer les angles d'attaque...
Direction Eleanor Rigby, les paroles et la musique : pourquoi donc est-ce ce titre qui me vient à l'esprit plutôt que Day in the life (pour les puristes), Yesterday ou Let It Be (pour les néophytes – ceux qui sniffent de l'herbe?), une obscure face B (pour les dingues) ou Bungalow Bill (What did you kill?) ?
Peut-être qu'inconsciemment, la composition du morceau m'a marqué : jusqu'à la lecture wikipédiasque, je ne m'étais jamais aperçu que ce morceau occulte les instruments pop traditionnels (guitares, basse, batterie) et se «contente» d'un accompagnement de cordes dont les descentes me chavirent.
La plainte harmonique de l'introduction et sa reprise, «Look at all the lonely people» qui vient vous secouer les tripes et les cordes gainsburgiennes qui suivent, ces enchevêtrements baroques que j'adore !
J'y retrouve finalement tout ce dont j'essaye de parler dans ce blog, ces lignes mélodiques improbables, les lignes de contrepoint et des paroles d'une mélancolie (voir d'un grand désespoir) qui viennent s'entrechoquer pour construire ensemble un troisième sentiment (entre gaieté musicale et désespoir textuel) que je tente vainement de nommer.
Voilà pourquoi, inconsciemment, à rebours, et plus qu'Obladi Oblada (il ne sera pas dit ainsi que je ne justifie pas le non-choix de ce morceau farfelu), voilà pourquoi Eleanor Rigby.
Et c'est déjà pas mal.
Paroles :
Aah, look at all the lonely people
Aah, look at all the lonely people
Eleanor Rigby picks up the rice in the church where a wedding has been
Lives in a dream
Waits at the window, wearing the face that she keeps in a jar by the door
Who is it for?
All the lonely people
Where do they all come from ?
All the lonely people
Where do they all belong ?
Father McKenzie writing the words of a sermon that no one will hear
No one comes near.
Look at him working. Darning his socks in the night when there's nobody there
What does he care?
All the lonely people
Where do they all come from?
All the lonely people
Where do they all belong?
Aah, look at all the lonely people
Aah, look at all the lonely people
Eleanor Rigby died in the church and was buried along with her name
Nobody came
Father McKenzie wiping the dirt from his hands as he walks from the grave
No one was saved
All the lonely people
Where do they all come from?
All the lonely people
Where do they all belong?
PS: comme l'inclusion d'un morceau dans ces pages me semble tous les jours un peu plus compliqué et que j'attends comme une grosse feignasse qu'on vienne m'expliquer comment on procède, je vous laisse le soin d'aller l'écouter ailleurs !